Quoi ? Comment ? Wine Explorers fait aussi dans les vins de fruits ?!? Non, chers lecteurs, soyez rassurés. Wine Explorers est bel et bien le premier recensement mondial des pays producteurs de vins « issus de raisins ». Et cela nous occupe déjà beaucoup. Seulement voilà… Il se trouve qu’il y a eu de la vigne à Maurice – dans les années 90 ! Nous n’en n’avions pas de réelle confirmation, alors en explorateurs curieux que nous sommes et à seulement quelques kilomètres à vol d’oiseau de là – nous étions à La Réunion – nous décidâmes d’aller vérifier par nous même !
Arrivés à Maurice, nous menons l’enquête auprès de la famille Oxenham, acteurs majeurs dans la production, l’importation et la distribution de vins et spiritueux à Maurice. Steve Oxenham, l’œnologue du groupe, nous confit que Maurice fut un terrain d’expérimentation pour le vin issu de raisins, tout d’abord avec l’importation de raisins séchés d’Afrique du Sud, remplacés dans les années 60 par des moûts de raisins concentrés.
Mais qu’en est-il de la vigne ? « Début des années 90, des sucriers ont planté par erreur des raisins de cuve au lieu de raisins de table », nous raconte Steve. Du Cabernet sauvignon, du Merlot, du Muscat, du Chenin et un peu de Sauvignon blanc. L’occasion d’essayer de faire du vin “made in Maurice“ ! Mais l’expérience ne sera que de courte durée.
Le climat de Maurice ne se prête pas à la vigne : durée d’ensoleillement trop courte et vendanges en pleine saison des pluies… « Avec du recul, on se rend compte que ça n’était pas un hasard si les colons plantèrent massivement de la canne à sucre à Maurice et plutôt de la vigne au Cap. Ils avaient bien compris les problématiques liées à ces deux types de plantations », nous raconte Steve en souriant.
L’expérience vin à Maurice n’aura duré que 5 petites années…Légère déception pour Wine Explorers, mais de courte durée rassurez-vous. Car si Steve est œnologue du groupe Oxenham, c’est parce qu’il y a bien une production de vin à Maurice…de fruits : ananas et lychee ! Les Oxenham sont d’ailleurs les seuls à en produire sur l’île.* Nous décidons donc de faire de Maurice “l’exception qui confirme la règle“ en vous expliquant ici comment se fabrique le vin de fruits ; le processus de fabrication étant très proche de l’élaboration d’un vin blanc traditionnel.
Nous sommes invités à assister à la fabrication du vin d’ananas. Les fruits sont récoltés mûrs, coupés à la main – on retire juste la tête – puis broyés mécaniquement. Du grand spectacle !
Le moût ainsi obtenu est immédiatement levuré afin de démarrer la fermentation alcoolique. Macération à froid (10°) en cuves inox avec les levures pendant 2-3 jours. Un peu de pigeage (action de mélanger le raisin dans la cuve pour améliorer sa macération). Ensuite on presse pour récolter le jus. La fermentation est suivie d’une chaptalisation (ajout de sucre), pour augmenter le degré d’alcool final et arriver à un vin titrant à 12% vol. Après un léger sulfitage le vin est stabilisé, filtré et embouteillé.
Les lychees, quant à eux, sont pelés, dénoyautés puis légèrement broyés. L’extraction du jus est complexe car il ne faut surtout pas écraser le noyau : son amertume est telle que cela viendrait déstabiliser l’équilibre du vin final. Tout se fait à la main ! Le processus qui s’en suit est similaire au vin d’ananas, depuis la fermentation jusqu’à la mise en bouteille.
La démonstration une fois terminée, nous dégustons les vins. Ils sont tout simplement fascinants ! Des vrais vins de gastronomie dans lesquels on retrouve la pureté et la gourmandise de l’ananas et du lychee. Il serait d’ailleurs facile, à l’aveugle, de se laisser piéger par le vin de lychee en le confondant avec un Gewürztraminer Alsacien…c’est dire.
Alan Oxenham, directeur marketing du groupe, en profite pour nous raconter une anecdote : « si vous buvez un verre de vin d’ananas après avoir pris un bain de mer, le sel que vous avez sur les lèvres amplifiera le goût de l’ananas et vous offrira des parfums encore plus intenses ».
Sérieusement ? L’idée nous paraît aussi folle que géniale. Nous décidons de tester par nous même. Et ça tombe bien, nous sommes hébergés à Trou aux Biches, au Nord de l’île, dans un très joli bungalow qui fait face à la mer. Nous voilà donc enfilant palmes, masque et tuba ; partis pour une virée sous marine, à la découverte de la faune et de la flore locales.
Revenus de notre promenade aquatique, les yeux remplis d’images de poissons arlequins, de coraux et autres poissons clowns (j’ai cru apercevoir Némo), les lèvres gorgées d’iode, nous goûtons avec délice un verre de vin d’ananas bien frais. Oh surprise ! Le sel de mer vient se marier à merveille avec l’ananas et sublime ses parfums… Une équation improbable qui rappelle la magie des plats salés-sucrés…
Les vins de fruits de Maurice n’ont pas fini de faire parler d’eux, c’est une certitude !
Merci à la famille Oxenham pour leur accueil chaleureux.